- duper
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• 1622 v. pron.; v. 1460 au p. p.; de dupe♦ Prendre pour dupe. ⇒ abuser, attraper, berner, flouer, jouer, leurrer, mystifier, tromper; fam. 1. avoir, 1. baiser, couillonner, embobiner, empaumer, empiler, entuber, feinter, pigeonner, posséder, refaire, rouler. Il est facile à duper. Se laisser duper (cf. Donner, tomber dans le panneau). « Si c'est par amitié qu'ils vous obéissent, vous les dupez » (Saint-Exupéry). — Pronom. vieilli S'abuser, s'aveugler. ⊗ CONTR. Détromper.Synonymes :- avoir (familier)- berner- flouer (familier)- jouer- leurrer- pigeonner (familier)- refaire (populaire)- rouler (populaire)Contraires :- détromperduperv. tr. Prendre pour dupe, tromper. Duper un concurrent.— Pp. adj. Un client dupé.⇒DUPER, verbe trans.Rendre dupe qqn. Se laisser duper par qqn ou par qqc. Synon. abuser, berner, leurrer. C'est là que j'ai paru douter de votre honnêteté et que je vous ai accusé de vouloir duper vos créanciers (ZOLA, Curée, 1872, p. 526). Jacqueline ne pouvait plus comprendre comment Olivier continuait de se laisser duper par ces chimères qui dévoraient la vie (ROLLAND, J. Chr., Amies, 1910, p. 1154).— Emploi pronom. réfl. Se faire illusion à soi-même :• Tout a été dit des illusions du sens intime et des insuffisances de l'introspection. Non seulement je me dupe de mille façons sur ce que je suis et sur ce que je pense, mais à vivre baigné dans mon être et dans mes pensées je leur deviens partiellement aveugle.MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 501.Rem. On rencontre ds la docum. a) Dupé, ée, part. passé en emploi adj. Ce que je déplore, c'est d'avoir vécu confiante et dupée (...) c'est d'avoir cru aveuglément dans celui qui me trompait (GYP, Mme la Desse, 1893, p. 161). Emploi subst. La nation se compose de dupeurs et de dupés (SAY, Écon. pol., 1832, p. 178). b) Dupant, ante, adj., très rare. Qui dupe. Pas n'est besoin que les imitations de l'elzévir soient consciencieuses et pures, que le procédé singeant l'eau-forte, — car nous en sommes-là maintenant! — soit docile, presque dupant. Ce serait peine et argent perdus (HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 182).Prononc. et Orth. :[dype], (je) dupe [dyp]. Ds Ac. 1694 et 1718 s.v. dupper; ds Ac. 1762-1932 avec 1 p. Étymol. et Hist. [Av. 1489 A Parouart le grant mathe gaudie Ou accolez sont duppe[s] et noirciz (F. VILLON, Ballades en jargon, éd. A. Lanly, I, 2)]; rare av. 1636 s'il ne faut que courir leur attente est dupée (CORNEILLE, L'Illusion comique, III, 7, p. 873). Dér. du rad. de dupe; dés. -er. Fréq. abs. littér. :187. Bbg. GUIRAUD (P.). Le Ch. morpho-sém. du mot tromper. B. Soc. Ling. 1968, t. 63, p. 100. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 231.duper [dype] v. tr.ÉTYM. 1622; au p. p., v. 1460; de dupe.❖♦ Littér. ou style soutenu. Prendre (qqn) pour dupe. ⇒ Abuser, attraper, décevoir, dindonner, enjôler, enquinauder, flouer, jobarder, jouer (se jouer de…), leurrer, mystifier, surprendre, tromper; fam. avoir, couillonner, embobiner, empiler, enfoncer, entôler, estamper, faire, feinter, foutre (dedans), mettre (dedans), pigeonner, refaire, rouler (→ Faire tomber dans le panneau). || Il est facile à duper. || Se laisser duper. || Duper ses adversaires au jeu (⇒ Tricher). || Être dupé par son cœur, ses sens (→ Assurer, cit. 22; désarmer, cit. 5).1 (Vous osez) Duper un honnête homme et vous jouer de lui ?Molière, l'Étourdi, IV, 6.2 (…) on est aisément dupé par ce qu'on aime,Et l'amour-propre engage à se tromper soi-même.Molière, Tartuffe, IV, 3.3 Si c'est par amitié qu'ils vous obéissent, vous les dupez.Saint-Exupéry, Vol de nuit, p. 62.3.1 Ce n'est pas seulement pour duper nos enfants que nous les entretenons dans la croyance au Père Noël : leur ferveur nous réchauffe, nous aide à nous tromper nous-mêmes, et à croire, puisqu'ils y croient, qu'un monde de générosité sans contrepartie n'est pas absolument incompatible avec la réalité.Claude Lévi-Strauss, Tristes Tropiques, p. 211.♦ Pron. (Réfl.). S'aveugler. || Se duper soi-même. — (Récipr.). || Ils ont essayé de se duper.4 Il lui est arrivé de se tromper, de céder à des généralisations spécieuses et de persévérer quelque temps dans l'erreur, mais il ne se dupait jamais par orgueil d'infaillibilité (…)Henri Mondor, Pasteur, IV, p. 56.❖CONTR. Détromper.DÉR. Duperie, dupeur.
Encyclopédie Universelle. 2012.